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22 May 2003

La prise de son : le monsieur a dit "Parle bien dans le micro"

Voici un topo qui parle de choses simples et très utiles dont on ne peut se passer tellement c’est facile d’accès et peu onéreux.

J’ai le micro, j’ai les adaptateurs, j’ai tout compris aux niveaux, je peux y aller alors ?

Oui, il faut quand même vérifier 2 ou 3 choses avant de commencer.

Le pied de micro

Alors voilà bien un truc stupide. Un micro dans la main, ça fait du bruit. Ca fait même beaucoup de bruit. Alors en live, d’accord. Ca ne s’entend pas, c’est noyé dans la masse (NDLR : un peu comme pour le souffle dans les cerveaux humains ;-)). Par contre, pour les aventures MP3, selon les effets ambiants dans l’épisode, ça peut être catastrophique.

Donc, mon conseil du jour : avoir un pied de micro. Ca évite les bruits de manipulations intempestives pendant l’enregistrement. Bien sûr, je parle des gens qui possèdent un vrai micro, pas un baton en plastique blanc de 20g tamponné "SoundBlaster" avec son connecteur minijack et son câble de 0,2mm de diamètre grâce auquel on peut capter Radio France, si on l’oriente comme il faut.

Si vous avez un tel micro, vous pouvez vous en tirer à moins de 50€ pour un pied tout à fait honorable. Il y a parfois des petits accessoires indispensables, pas toujours fournis avec les micros bon marché, comme la bague adaptateur ou la pince. Pour les micros statiques à suspension, en général, les pieds de micro standards permettent de s’en sortir sans prise de tête.

Tu as raison, c’est très bon marché, j’en ai trouvé un à 2€30

Méfiance. Le pied de micro a aussi un rôle d’isolant phonique par rapport au monde extérieur. Les micros statiques à suspension ont en plus un mécanisme spécifique dédié rien qu’à ça : leur suspension (justement).

Sur un pied, ça se traduit par des petits embouts de caoutchouc souple à chaque contact au sol. Si vous achetez un pied à 2 sous, et que les embouts sont trop durs (voire inexistants), tous les bruits solidiens passent dans l’armature du pied, se transmettent à la membrane du micro et se retrouvent sous forme de vrombissements ou de buzz graves à l’écoute. Un buzz grave, ça fait... bzzzzzzzzz, mais... dans le grave (épatant !). On appelle souvent ces bruits solidiens des bruits de contact, comme celui d’une enceinte collée au mur qui fait vibrer le mur. Pourquoi croyez-vous que les audiophiles avertis montent leurs enceintes sur pointes ?

Si votre voisin fait tourner sa machine à laver, et qu’elle fait vibrer gentiment tous vos murs, vous retrouverez avec précision dans vos enregistrements le moment ou votre voisin est passé en programme "Essorage", même si cela vous paraît sur le moment imperceptible à l’oreille. Vos oreilles de sont pas collées au sol, ni aux murs (enfin, normalement...)

Achetez de bons pieds de micro. S’il vous plaît.

J’ai un micro statique, et ma chambre est cubique, fait 40m² avec des parois en inox pour le coté design

Bon ok, vous êtes pleins aux as, mais vous n’avez rien compris à l’enregistrement d’un signal avec un micro statique. Dans le topo sur les micros, j’ai dit qu’il fallait un evironnement traité acoustiquement pour les statiques. Déjà que dans une chambre tout à fait normale (5m² dans une cabane en bois, 13°, une planche avec du foin, normal quoi), on a beaucoup de son diffus (le terme technique pour le son réfléchi des murs), alors avec une grande pièce non traitée, n’y pensez même pas.

Non, le minimum dans ce cas, c’est d’avoir des murs absorbants (moquette, laine de roche, boîtes d’oeufs, ou autres...). Vous pouvez aussi opter pour des panneaux orientables comme on peut en trouver dans certains studios. L’idée est d’éviter que le son réfléchi des murs ne parviennent jusqu’au micro. Tout cela dépend d’un nombre important de paramètres, comme le type de micro, la sensibilité, la directivité... Ca fera sans doute l’objet d’un autre topo.

Bref, si vous optez pour des panneaux acoustiques, orientez les comme il faut.

Il y a une recette pour ça ?

Il y a des tas de recettes. La meilleure, c’est le système D. Il y a une petite chose importante qui compte. Le cerveau humain est sensible aux effets dits psycho-acoustiques (les amateurs de DivX5 ont sans doute entendu parler de ça). La psycho-acoustique, c’est l’ensemble des phénomènes auquel le cerveau humain associe une interprétation particulière.

Par exemple, un des effets bien connus, l’effet Haas, dit que le cerveau humain ne distingue pas 2 sons différents lorsque ceux-ci sont espacés de moins de 17ms (valeur moyenne). Ensuite, si les 2 sons sont espacés de plus de 17ms, le cerveau croit que le son arrivé en dernier est beaucoup moins fort que le premier, même s’ils arrivent à un niveau de pression acoustique identique.

Quel rapport avec la choucroute ?

Minute... je termine d’expliquer ! Ca sert pour comprendre comment le son diffus sera interprêté par le cerveau. Pour résumer, pour que le son diffus ne soit pas entendu comme un son séparé, il faut que le temps nécéssaire pour parcourir la distance bouche/mur puis mur/micro dans toutes les directions soit inférieur à 17ms.

Rapide calcul... à 300m/s (la vitesse du son), ça donne une distance maximale de 5,1m. Bon, évidemment, ceci ne tient pas compte de la différence infime de vitesse qu’il peut y avoir entre les différentes fréquences, ni de l’indice de réflexion des murs. Le top, c’est d’avoir des structures acoustiques murales qui diffusent le son dans toutes les direction, en lui faisant perdre le maximum de puissance, mais bon, on est pas à Abbey Road non plus (studio mythique londonien où ont été enregistrés les meilleurs albums des Beatles).

Et on ne crache pas dans le micro

Non. Quel qu’il soit, statique ou dynamique. Beaucoup de gens confondent la pression acoustique avec la pression d’air que génére le fait de respirer en parlant, le tout donnant fatalement de l’air en mouvement. La membrane d’un micro est, elle aussi, sensible à ces mouvements d’air et les interprète comme des sons, ce qui donne un bruit de vent assez caractéristique, que vous avez sans doute déjà tous entendu. C’est, pour imager, comme avoir le vent de face sur une plage venteuse de Normandie. Ca donne une sorte de vibration dans les oreilles, similaire aux mouvements d’air interprétés par un micro.

Pour les statiques, si votre pièce est acoustiquement acceptable, il y a la solution filtre anti-pop, qu’on voit de temps en temps à la télé, quand une star insignifiante nous gratifie du making-of de son album insipide, dans lequel on la voit brailler derrière un truc qui ressemble à un bas résille attaché à un cintre tordu en forme de cercle. L’utilisation de cette image est volontaire, les moins riches se fabriquent souvent des anti-pops de cette manière. On peut en mettre sur les micros dynamiques, mais c’est beaucoup moins efficace, dans la mesure où la sensibilité d’un dynamique obligé à ce que la source du signal (la bouche, en général...) soit proche du micro. Pas de place dans ce cas pour mettre l’anti-pop.

Résumons : on ne dirige pas sa colonne d’air vers la membrane du micro. Non, il ne faut pas.

Ce qui signifie qu’on peut parler avec le micro sur le coté de la bouche, en laissant l’air s’échapper dans une autre direction que celle du micro. Particulièrement utile quand on a un micro SoundBlaster, qui est vraiment très sensible à ce genre de parasites.

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