La compression
Voici un concept toujours extrêmement difficile à appréhender.
En fait c’est très simple, si on ne perd pas de vue que cela concerne la dynamique d’un signal. Retenez que le rôle d’un compresseur est de changer le niveau du signal en fonction de son niveau actuel.
Petit rappel : la dynamique du signal
C’est l’écart entre le son le plus fort et le son le plus faible. Un son très dynamique se caractérise par un écart son fort/son faible important, comme par exemple celui d’un orchestre symphonique. A l’inverse, un son peu dynamique se caractérise par un écart son fort/son faible faible (oui, ça fait 2 fois "faible"...). C’est le cas d’un grand nombre de productions musicales actuelles. Si vous avez un crète mètre ou un VUmètre sur votre chaîne HIFI, vous voyez que le signal reste coincé entre -3 et 0 dB, soit un mouchoir de poche. On dit qu’un tel signal est "compressé".
Pourquoi faut-il compresser ?
Ca dépend. D’abord :
Et sinon, ça se passe comment ?
Bien.
Beuh, mais sinon ?
Le compresseur se déclenche à partir d’un seuil que l’on doit définir. On appelle ce paramètre le "Threshold". Sous le seuil, le signal n’est pas modifié. Au dessus du seuil, le niveau du signal est modifié selon le paramètre ratio.
Ratio ???? gnhein ???
Ca n’a aucun rapport avec une ration de combat. Le ratio, c’est le rapport entre le son qui entre et le son qui sort.
J’explique : si mon seuil (threshold) est de -20 dB, alors quand le signal le dépasse, son niveau sonore est modifié en fonction de ce réglage. Plus le ratio est élevé, plus le signal est "écrasé", plus son niveau sonore est modifié.
Donc, ça sert juste à baisser le son ? Pourquoi ne pas directement baisser le son ?
Nan !!!: Ca baisse le son de façon sélective. Ca ne baisse que les sons les plus forts, et c’est le paramètre de seuil, le "threshold", qui nous permet de définir la frontière entre un son faible et un son fort. En dessous du seuil, on ne touche à rien.
Et là, je sors la botte secrète
Et oui, car si les sons forts sont affaiblis, si on remonte globalement le son pour recaler ces sons affaiblis à leur niveau d’origine, on remonte le niveau des sons faibles, qui eux n’avaient pas bougé. Vous avez compris ?
Mais c’est super !!!
Oui, sauf quand la prise de son est très polluée :
D’où l’importance de bien régler ses niveaux (et oui encore eux). En effet, si vous n’entrez pas "au taquet", sachez que votre matériel ajoute quant à lui toujours la même quantité de souffle. Plus vous enregistrerez faible, plus l’écart entre le souffle et votre enregistrement sera faible, et donc plus le souffle semblera présent quand vous monterez le volume, ou quand vous voudrez compresser.
D’autres utilisations du compresseur ?
Oui, un compresseur dont le ratio est très élevé s’appelle un limiteur. Si un signal dépasse le seuil, le signal est complètement écrasé pour qu’il ne dépasse jamais un certain niveau. C’est très pratique en enregistrement numérique, pour éviter de dépasser le 0dB. Car comme vous le savez, il ne faut jamais écreter en numérique, ça produit immédiatement des clics dans l’audio, à l’inverse de l’analogique (des bandes quoi) dont la saturation est parfois même recherchée pour ses bienfaits (le "gros son bien chaud", vous avez certainement déjà entendu un truc similaire quelque part...)
Autre utilisatioin plus rare, mais non moins utile, la compression en side-chain. C’est le fait de compresser un signal en fonction d’un autre. Vous avez tous entendu de la compression side chain. L’exemple le plus répandu est celui d’une voix par dessus une musique. Lorsque la voix est là, le volume de la musique baisse automatiquement. Le signal compressé est bien la musique, mais celui sur lequel on vérifie le "trehshold", c’est la voix.
Le même principe (side-chain) permet aussi de créer des compresseurs qui retirent les sifflantes d’une prise de voix, on appelle ça un "dé-esseur". On peut aussi faire un ducker, c’est l’inverse d’un limiteur, quand le signal dépasse le seuil, on ne l’entend plus.
Je vous laisse imaginer toutes les bidouilles qu’il est possible de faire, sur le plan artistique, c’est assez riche, pour peu qu’on se donne la peine de chercher un peu.
Donc de quoi ai-je besoin ?
Soit de matériel, soit d’un plugin. Pour le matériel, ça se présente en général sous la forme d’un rack 19 pouces 1 unité, ou encore embarqué dans une table de mixage. Les marques du home studiste : Behringer, La Audio, Focusrite ... Il y en a beaucoup.
Question plugins, je crois que tous les logiciels audio du marché embarquent un compresseur basique. Cubase par exemple vient en série avec un compresseur/gate/limiteur. Attention cependant, peu de ces compresseurs intègrent une fonction side-chain. Ca existe en plugin chez dB Audioware.
Pour conclure
La compression permet de rendre les voix plus intelligibles, surtout quand les personnes que vous enregistrez ne sont pas expérimentées et ne contrôlent pas bien la position de leur bouche par rapport au micro (la plupart des gens en somme).
On peut utiliser la compression sur un peu n’importe quoi, pour des raisons techniques ou artistiques. Attention par contre à ne pas en abuser, certains styles - notamment musicaux, comme le classique par exemple - ne sont pas vraiment adaptés à la compression (enfin c’est plutôt la compression qui n’y est pas adaptée, m’enfin...). D’une façon générale, les réglages un peu violents (très gros ratios, seuils trop bas) sont aussi à éviter car il produisent des effets de "pompage" (il faut l’écouter pour comprendre), à moins que cela ne corresponde à un effet recherché sur le plan artistique.
Bonne compression !
Attention : Kikoo-mode interdit ! Tous les messages Kikoo/SMS seront supprimés